2009, année de l’éthique dans le monde
· Renoncement au bonus
· Philosophie de la finance durable, nouveau courant
L’éthique fait un come-back remarqué en finance. On ne compte plus les banquiers qui, à tour de rôle, ont renoncé à leur bonus. L’apport d’argent public pour sauver leur établissement explique souvent ces décisions. Ces dernières veulent cependant aussi traduire un nouveau rapport à la finance, qui récompense les réussites mais punit les échecs. Cet entrain pour l’éthique rejoint d’ailleurs un autre courant à la mode, celui de l’économie et de la finance durables. A Genève, une association de financiers vient d’être créée pour promouvoir cette philosophie. Dans un même registre, l’un des fonds souverains les plus importants au monde, le fonds de pension public norvégien exclut deux nouveaux groupes au nom de l’éthique. Il s’est retiré du groupe minier canadien Barrick Gold Corporation et de l’industriel américain Textron, a annoncé le ministère norvégien des Finances. Le fonds a vendu l’intégralité de ses titres dans Barrick et dans Textron. Il est reproché à Barrick, principal groupe aurifère au monde, d’infliger des «dégâts irréversibles» sur l’environnement en Papouasie Nouvelle-Guinée, où sa mine de Porgera rejette directement dans une rivière ses substances toxiques, dont du mercure. Textron est pour sa part accusé de produire des armes à sous-munitions, interdites par une Convention signée l’an dernier par une centaine de pays au terme d’un processus mené par la Norvège. Les Etats-Unis et d’autres producteurs majeurs, tels la Chine et la Russie, n’ont pas adhéré au traité. Le fonds norvégien est alimenté par les recettes pétrolières publiques et investi en actions et obligations internationales. Sa gestion est encadrée par des règles d’éthique très strictes. Sont proscrits les investissements dans les fabricants d’armes «particulièrement inhumaines» et dans les groupes coupables de violation des droits de l’Homme, de corruption ou de graves dégradations de l’environnement. Une petite trentaine de sociétés, dont Boeing, Wal-Mart, EADS, Safran et BAE Systems, figurent maintenant sur la liste noire du ministère norvégien des Finances.
J. K.